PETIT CATÉCHISME
DE LA
VIE D’ORAISON
P. GABRIEL DE SAINTE-MARIE-MADELEINE O.C.D
Consulteur de la Sacrée Congrégation
des Rites
Professeur de Théologie spirituelle à
la Faculté de Théologie des Carmes à Rome.
Traduit de l’italien
Par
Le R.P. Eugène de Sainte
Thérèse De l’Enfant-Jésus, O.C.D.
Editions LETHIELLEUX 10, Rue
Cassette PARIS 06
IMPRIMI POTEST.
Bruxelles, 23
septembre 1946.
Fr.Gerardus A Saint Joseph, O.C.D. , Prov.
Nihil
obstat.
Namurci, 20 septembris
1946.
E. Lefebvre, l, c.
IMPRIMATUR.
Namurci, 20 septembris 1946.
R. Koerperich, Vic. Gen.
PREFACE
Ce « petit
catéchisme », publié d’abord dans la revue Vita Carmelitana, fut accueilli avec joie par les personnes
pieuses, qui y trouvèrent lumière et réconfort. Il ne pouvait en être autrement
parce qu’il contient la substance des enseignements avec lesquels, depuis
environ quatre siècles, l’Ordre du Carmel réformé dirige les âmes dans la vie
d’oraison. L’auteur, un spécialiste en la matière, a voulu mettre à la portée
des fidèles la doctrine de sainte Thérèse d’Avila et de saint Jean de la Croix.
Il expose en des pages limpides leurs méthodes de prière mentale avec les
développements qu’elle a reçus de leur fils spirituels, soucieux de se tenir
dans la ligne de la tradition. Les lecteurs de la Vita
Carmelitana ayant maintes fois exprimé le désir de
voir groupées en volume les leçons dont ils avaient tiré les plus grands
avantages, le P. Gabriel prépara en 1943 l’édition qu’il nous a autorisée à
traduire. Il a cru opportun d’apporter au texte primitif quelques légères
retouches qui les rendent plus adapté aux conditions des personnes qui vivent
dans le monde, sans rien changer à l’essentiel.
Veuille la
séraphique Mère Thérèse de Jésus, la grande Maîtresse de la vie d’oraison,
obtenir l’abondance des bénédictions d’en haut à tous ceux qui utiliseront cet
opuscule où l’un de ses enfants s’est proposé de nourrir les cœurs « du pain de
sa céleste doctrine » (oraison liturgique de la
sainte).
P. Eugène, O.C.D. (Ordre du
Carmel)
CHAPITRE
PREMIER
L’ORAISON DANS LA VIE
CONTEMPLATIVE
- Qu’est-ce que la vie
chrétienne ?
La vie chrétienne est la vie humaine vécue en conformité
avec les enseignements de Notre-Seigneur Jésus-Christ, selon lesquels nous
devons ordonner toutes nos actions à la gloire de Dieu, en l’aimant et en
observant ses saintes lois. L’âme chrétienne vit donc « pour
Dieu ».
- Qu’est-ce que la vie
contemplative ?
La vie contemplative est une forme de vie chrétienne
dans laquelle on s’applique à vivre non seulement « pour Dieu », mais aussi
« avec Dieu ». Elle n’est pas réservée aux seuls religieux,
mais elle peut être vécue parfaitement dans le monde. Elle se concentre
toute entière dans la recherche de l’intimité divine et elle multiplie dans ce
but, pendant le jour, ce qu’on dénomme « les exercices spirituels ». Ceux-ci
sont spécialement des exercices d’oraison, lesquels doivent être accompagnés
d’exercices de mortification, parce que, dit sainte Thérèse de Jésus, la grande
Maîtresse de la vie contemplative, « oraison et commodité ne vont pas
ensemble ».
- Quelle
est la place de l’oraison dans la vie
contemplative ?
Dans la vie contemplative l’oraison occupe la première
place. Pratiquement la vie contemplative est vie d’oraison. Pour ce motif les
Ordres contemplatifs consacrent beaucoup de temps à la prière. Dans la Règle du
Carmel, Ordre éminemment contemplatif, le précepte central est celui de
l’oraison continuelle : « Que chacun se tienne dans sa cellule, méditant jour et
nuit la loi du Seigneur et veillant en oraison ». Les religieux carmes vaquent
en effet à beaucoup d’exercices de piété : ils font oraison mentale deux fois
par jour, assistent à la sainte Messe, récitent l’office divin, s’appliquent à
la présence de Dieu pendant le jour, sans parler des exercices personnels de
dévotion.
- Qu’est-ce que
l’oraison ?
L’oraison est une conversation avec Dieu, dans laquelle
nous lui manifestons les désirs de notre cœur. L’oraison peut être vocale ou
mentale.
- Qu’est-ce que l’oraison
vocale ?
L’oraison vocale consiste dans la récitation d’une
formule qui exprime nos désirs, par exemple le Pater, enseigné aux hommes par Jésus
Lui-même et dans lequel nous faisons à Dieu sept demandes. Nous récitons cette
formule avec l’intention d’honorer Dieu. Souvent nous ne pensons pas d’une
manière distincte au sens des paroles que nous prononçons, mais cela n’empêche
pas que notre prière soit une véritable oraison, pourvu que notre esprit demeure
tourné vers le Seigneur avec le désir de l’honorer. Cette prière peut aussi se
faire aux saints avec un même désir de leur rendre honneur.
-
Qu’est-ce que l’oraison mentale ?
Celle-ci consiste à parler « de cœur » à Dieu, non plus
avec des formules préparées ou apprises de mémoire, mais d’une manière
spontanée.
- Que disons-nous à Dieu dans l’oraison
mentale ?
Dans cette forme d’oraison nous pouvons aussi manifester
à Dieu tous les désirs que nous avons dans le cœur ; d’après les enseignements
de sainte Thérèse de Jésus, une âme contemplative préférera Lui dire qu’elle
l’aime ou que, du moins, elle désir L’aimer.
- Pourquoi parler spécialement d’amour à
Dieu ?
Parce que l’amour est la substance de la vie
contemplative. Selon sainte Thérèse, les âmes contemplatives doivent devenir des
amies intimes du Seigneur ; et l’amour, précisément, fait fleurir l’amitié et
introduit dans l’intimité. En outre, sainte Thérèse veut qu’en allant à
l’oraison, nous soyons convaincus que Dieu y invite à l’aimer et que nous nous y
rendions pour répondre à cet appel.
- Faut-il aussi « penser » dans
l’oraison ?
Il n’est pas possible d’aimer sans avoir quelque pensée
sur l’objet aimé. Pour aimer Dieu, il faut penser à Lui. Toutefois la pensée de
Dieu pourra varier beaucoup, selon les cas. Tantôt elle consistera en une
réflexion quelque peu prolongée sur l’amour de Dieu pour nous, tantôt ce sera un
simple souvenir de l’amabilité du Seigneur et de sa bonté. Par conséquent, dans
l’oraison, nous pensons seulement pour aimer, pour nourrir l’amour. Sainte
Thérèse dit en effet que l’oraison consiste non à penser beaucoup, mais à aimer
beaucoup.
- Qu’est-ce que l’amour ?
Il y a l’amour sensible et il y a l’amour de
volonté.
L’amour sensible consiste dans un sentiment qui nous
porte affectueusement vers une personne et nous fait éprouver du plaisir en sa
présence ou son souvenir.
L’amour de volonté consiste à « vouloir du bien » à une
personne, par libre choix et détermination de notre volonté. Puis, quand cet
amour prend toute l’âme, on veut alors appartenir à la personne aimée et lui
consacrer sa propre vie.
- Quel est le véritable amour dans une
personne humaine ?
L’amour de volonté parce que la volonté est en nous ce
qu’il y a de plus personnel. Dans la volonté réside notre liberté et c’est
précisément avec elle que nous nous donnons à Dieu. Pour cette raison, Dieu
demande à l’homme « le don de sa volonté ». La pleine consécration de l’homme à
Dieu consiste en ce don total.
L’amour sensible est un complément d’importance fort
secondaire. Du reste, il ne dépend pas de nous de l’éprouver, tandis qu’il
dépend de nous d’aimer avec la volonté.
- Pourquoi désirons-nous naturellement
l’amour sensible ?
Nous le désirons pour sa douceur et parce qu’il nous
apporte réconfort et consolation. Mais justement pour cela, dans l’amour
sensible, nous nous cherchons souvent nous-mêmes, tandis qu’avec l’amour de
volonté nous cherchons Dieu. Il supprime souvent en nous l’amour sensible pour
nous faire marcher plus résolument avec la seule volonté.
- De quel amour devons-nous aimer Dieu
dans l’oraison ?
Certainement d’un amour de volonté, celui-ci étant le
plus important. Si l’amour sensible s’y joint, au lieu d’y chercher notre
plaisir, nous profiterons de son aide pour renforcer notre volonté dans son acte
de se donner à Dieu. L’amour sensible venant à manquer, nous poursuivrons la
route avec la volonté seule.
- Comment pourrai-je m’occuper pendant
une heure entière dans cette conversation amoureuse avec
Dieu ?
Au début de la vie d’oraison, beaucoup d’âmes y
rencontrent de grandes difficultés, elles
prouvent de l’ennui et se sentent même dissipées. Il faut donc
reconnaître que « faire oraison » est
chose « qui s’apprend ». Pour l’enseigner, les théologiens carmes adonnés à
l’étude de la vie d’oraison ont construit une « méthode d’oraison
mentale ».
CHAPITRE
II
LA MÉTHODE DE L’ORAISON
MENTALE
- Qu’est-ce qu’on entend par méthode
d’oraison mentale ?
Une méthode d’oraison est l’enseignement qui nous
explique la manière de faire oraison avec aisance. Nous indiquerons ici les
divers actes à faire les uns après les autres pour mieux réussir dans ce saint
exercice.
- Existe-t-il une méthode d’oraison
mentale dans l’Ordre carmélitain ?
Oui, dans Ordre carmélitain, nous trouvons une méthode
d’oraison depuis les débuts de la réforme thérésienne. Elle a été exposée dans
nos deux plus anciennes « instruction des novices », dans l’espagnole (1591) et
dans l’italienne (1605).
- Quelle est l’origine de cette
méthode ?
Cette méthode tire son origine immédiate des
enseignements de sainte Thérèse de Jésus et de saint Jean de la Croix ; sa forme
définitive et concrète fut élaborée par leurs disciples. Nous donnerons d’abord
une explication générale de cette méthode pour revenir ensuite sur ces diverses
parties dans les leçons suivantes.
- En combien de parties notre méthode
divisera-t-elle l’oraison mentale ?
Habituellement nous distinguons six ou sept parties ou
actes dans l’exercice de l’oraison mentale, à savoir : la préparation — la
lecture — la méditation (avec le colloque affectueux) — l’action de grâces —
l’offrande — la demande.
- Tant de distinctions n’entraînent-elles
pas une complication ?
Cette distinction des parties ne complique pas la
pratique de l’oraison mentale. En effet, les deux premières ne sont pas encore
l’oraison, mais elles en constituent comme la porte d’entrée ; les trois
dernières parties sont purement complémentaires et facultatives ; nous les
omettrons dès que nous n’en aurons plus besoin. L’oraison se réduit donc quant à
l’essentiel à la méditation, accompagnée d’une conversation intime avec le
Seigneur (colloque affectueux).
- Que faut-il considérer pour bien
entendre l’oraison ?
Pour bien comprendre la méthode carmélitaine d’oraison,
il faut avoir présente la conception de l’oraison mentale exposée par sainte
Thérèse. Aux yeux de cette vierge séraphique, l’oraison est une conversation
intime avec le Seigneur dans laquelle nous Lui parlons spécialement d’amour en
répondant à son invitation à l’aimer. Les différentes parties de l’oraison ont
pour but de nous conduire aisément à cette conversation amoureuse avec
lui.
- Comment la préparation sert-elle à ce
but ?
La préparation doit servir à nous mettre bien près du
Seigneur. On ne peut en effet parler intimement avec une personne si l’on n’est
pas près d’elle. Nous devrons donc nous mettre dans la présence de Dieu avec une
foi vive et dans l’humble attitude d’une âme qui se reconnaît fille de
Dieu.
- A quoi doit servir la
lecture ?
La lecture sert à nous fournir un sujet pour la
conversation affectueuse avec le Seigneur, conversation qui peut se nourrir de
la considération de tous les mystères de la foi et des dons et grâces reçus de
Dieu par nous : en tout cela se manifeste l’amour de Dieu pour nous. Mais
puisqu’il n’est pas possible de parler chaque fois de tous ces arguments
ensemble, nous pouvons choisir par la lecture le sujet dont nous voulons nous
occuper pour le moment et rendre plus facile notre considération en suivant les
explications et les réflexions du livre.
- Pourquoi
« méditer » ?
La méditation ou réflexion personnelle que nous faisons
sur le don divin ou sur le mystère que nous avons choisi dans la lecture, sert à
un double but : l’un est intellectuel et l’autre affectif. Le but intellectuel
est de mieux se rendre compte de l’amour de Dieu pour nous, amour qui se
manifeste dans le mystère ou dans le don divin que nous considérons et ainsi
nous convaincre toujours plus de l’appel d’amour adressé par Dieu à notre âme.
Le but affectif consiste à mouvoir la volonté à l’exercice de l’amour et à sa
manifestation, en répondant à l’invitation divine. La méditation apparaît donc
comme la préparation immédiate à la conversation affectueuse avec le
Seigneur.
- Comment passe-t-on de la méditation au
colloque affectueux ?
Ce passage ne doit pas se faire à un moment précis,
quasi mathématiquement déterminé, mais d’une manière toute spontanée. En faisant
des réflexions personnelles en présence de Dieu et en voyant plus clairement
grâces à elles combien ce Dieu nous aime, l’âme se sent facilement poussée à Lui
dire à son tour des paroles d’amour. Il arrive souvent que les réflexions
qu’elle se faisait d’abord elle-même, elle les continue pendant quelque temps en
adressant la parole au Seigneur et cela lui sert à prendre une conscience plus
vive de son amour pour nous. Finalement l’âme laisse toute considération pour
s’abandonner pleinement à l’exercice de l’amour et à sa manifestation, en
d’autres termes elle passe au colloque affectueux. Dans ce colloque l’âme dit et
répète de mille manières à Dieu qu’elle L’aime, qu’elle désire L’aimer
davantage, qu’elle désir Lui prouver son amour.
- Ce colloque a-t-il de
l’importance ?
Il a une très grande importance et il est la partie
centrale de l’oraison. En lui se réalise directement le concept que sainte
Thérèse avait de l’oraison mentale qui consiste en une conversation intime avec
le Seigneur pour répondre à son amour pour nous. Aussi, l’âme pourra-t-elle s’y
occuper beaucoup de temps dans l’oraison et même pendant toute
l’heure.
- Quel est le but des trois dernières
parties de l’oraison ?
Les trois dernières parties ou actes de l’oraison, à
savoir : l’action de grâces, l’offrande et la demande, servent à prolonger plus
facilement notre conversation affectueuse avec le Seigneur. Elles ne sont rien
d’autre en effet que des actes affectueux plus déterminés, des manières variées
de manifester notre amour.
- Quelle est notre attitude dans ces
parties ?
Dans l’action de grâces nous manifestons au Seigneur
notre humble gratitude pour son extrême amour pour nous et pour les dons reçus
de Lui. Dans l’offrande, poussés par la reconnaissance amoureuse, nous voulons
donner nous aussi quelque chose au Seigneur. Dans la demande ou prière,
humblement convaincus de notre indigence et de notre fragilité, et désireux
toutefois d’aimer véritablement le Seigneur, nous implorons son aide pour y
réussir et être fidèles aux résolutions formées dans l’offrande. Ces actes sont
donc, au sens strict, un prolongement du colloque affectueux, issu spontanément
de la méditation.
- Faut-il observer un ordre déterminé
dans la suite de ces parties de l’oraison ?
L’ordre indiqué ci-dessus est le plus logique, mais on
peut user d’une grande liberté dans l’oraison ; il nous est loisible d’ordonner
ces parties au gré de la spontanéité. Nous pouvons même reprendre plusieurs fois
la même partie. Cela vaut aussi pour la méditation et le colloque affectueux que
nous pouvons également alterner à mainte reprise dans une même
oraison.
- Les dernières parties sont-elles
nécessaires ?
Non, ces actes sont facultatifs. Une âme qui parvient à
s’occuper suffisamment dans le colloque affectueux sans y recourir peut le faire
sans aller plus outre. Mais, au début de la vie d’oraison, l’attention de l’âme
est souvent aidée par une certaine variété dans les actes. En ce cas, l’âme fera
bien d’y recourir.
CHAPITRE
III
PRÉPARATION ET
LECTURE
- Y a-t-il différentes sortes de
préparation à l’oraison ?
Les auteurs carmélitains distinguent souvent une double
préparation : la préparation « prochaine » par laquelle l’âme se met en contact
immédiat avec Dieu pour commencer l’intime conversation avec Lui, et la
préparation « éloignée » par laquelle l’âme dispose ses puissances à se
recueillir aisément en Dieu.
- Qu’est-il demandé pour que les
puissances de l’âme soient disposées à se recueillir ?
Il est nécessaire qu’elles ne soient pas absorbées à
l’excès par les créatures et que soit cultivée leur tendance à s’occuper de
Dieu. Pour favoriser ces dispositions, il y a l’appoint des deux éléments qui
constituent la préparation éloignée. Le premier élément, car il s’agit d’écarter
un obstacle, est « négatif » ; le second, destiné à produire une qualité, est
« positif ».
- Quel est l’élément négatif de la préparation
éloignée ?
Fuir les distractions de l’esprit et les attachements du
cœur. Pour que la pratique de l’amour de Dieu soit facile, il faut avoir le cœur
libre ; cela demande un grand détachement des créatures. Qui veut aimer beaucoup
doit réserver à Dieu la vigueur et la tendresse de son affection et ne pas
l’éparpiller dans les personnes et les choses, qui enchaînent facilement un cœur
non gardé. D’autre part, la liberté de l’esprit ne
s’atteint pas sans une grande mortification des sens, qui sont des fenêtres
ouvertes sur les choses terrestres, ni sans le contrôle de la mémoire qui nous
ramène dans le monde par les souvenirs, si bien que l’esprit doit éviter les
pensées inutiles. Il faut donc surveiller le cœur et
l’esprit.
- Quel est l’élément positif de la
préparation éloignée ?
L’exercice de la présence de Dieu, que nous chercherons à rendre continuel, autant qu’il y aura de moyen.
Par ce saint exercice, qui recueille en Dieu notre pensée et notre volonté, nous
conservons un certain contact avec Dieu, même au milieu des occupations les plus
matérielles, et nous conversons souvent avec Lui pendant le jour. La fidélité à
cette pratique crée donc en nous une certaine facilité à parler avec Dieu, comme
aussi une certaine aisance à nous mettre en contact plus intime avec Lui, ce en
quoi consiste la préparation prochaine.
- Quelle attitude spirituelle aide
davantage l’âme pour ce contact avec Dieu ?
L’attitude d’une humble confiance qui nous met devant
Dieu dans la position qui nous convient le plus. Dieu, en effet, est notre Père
et Il veut que nous nous comportions envers Lui comme des enfants indigents.
Nous ancrerons en nous le sentiment de notre pauvreté par le souvenir de nos
nombreuses fautes qui mettent à nu notre misère. Loin donc de nous replier sur
nous-mêmes ou de nous décourager à la vue de notre petitesse, nous chercherons
refuge dans les bras de Jésus qui nous a dit : « Sans moi vous ne pouvez rien
faire », nous invitant ainsi à recourir à Lui. Voilà pourquoi sainte Thérèse
nous invite à examiner notre conscience au début de l’oraison, à réciter le
Confiteor et puis chercher la compagnie de Jésus.
- Quelle est la manière la plus pratique
de mettre l’âme près de Dieu ?
Toute manière de se mettre en présence de Dieu est utile
à ce dessein, pourvu qu’on s’y exerce avec une grande application et intensité.
Il y a cependant deux manières spécialement indiquées pour l’oraison : se mettre
en présence de la très sainte Eucharistie (nous faisons, en effet, oraison
devant l’auguste Sacrement) et se recueillir dans son âme, en faisant attention
aux trois Personnes divines qui habitent dans l’âme en état de grâce et
s’offrent à elle pour en être connues et aimées.
Pour commencer le colloque avec « Dieu présent » nous
nous rappellerons ensuite le sujet choisi dans la lecture.
- A quel moment doit se faire cette
lecture ?
De préférence avant d’aller à l’oraison, c’est-à-dire
pendant le quart d’heure qu’on nous accorde pour nous préparer. Si nous n’avions
pu y vaquer alors, nous pourrions le faire au début de l’oraison. Dans les
communautés religieuses, il est d’usage de faire une courte lecture à haute voix
au début de l’exercice d’oraison mentale.
- A quoi sert la lecture « en
commun » ?
Elle a pour but d’offrir un sujet de méditation à qui en
serait dépourvu. Il n’est cependant aucune obligation de se servir du point
qu’on lit. D’ordinaire, les âmes viennent à l’oraison avec un sujet préparé par
la lecture faite en particulier. Mais si, à ce moment, le point qui est lu nous
attire plus que le sujet choisi, nous pouvons changer notre thème, usant en cela
de la plus grande liberté.
- La lecture doit-elle toujours servir à
préparer un sujet de méditation ?
Telle est sa destination originaire et c’est ce qui la
distingue de la « lecture spirituelle », laquelle a un but plus large : celui
d’instruire dans les choses de l’esprit. La lecture dont nous parlons sert au
contraire à nous fournir immédiatement une vérité, que nous pénétrons par la
réflexion, pour en tirer une conviction plus profonde de l’amour de Dieu pour
nous.
Toutefois pour les âmes qui ne font plus l’oraison sous
forme méditative, mais qui sont parvenues à l’oraison que sainte Thérèse appelle
« de recueillement », ou à une forme encore plus haute, la lecture ne sert plus
tant à choisir un sujet, mais plutôt à recueillir l’âme, en la disposant
suavement à goûter dans l’oraison le
repos de Dieu.
- Quels livres devons-nous choisir de
préférence pour faire cette lecture ?
Cela dépend du but de la lecture.
Quand il s’agit de trouver un sujet de méditation,
pourront servir à ce dessein, outre les livres appelés « recueils » de
méditations, tous ceux qui mettent en lumière les multiples manifestations de
l’amour de Dieu pour nous. Il sera cependant bon que nous nous servions de
livres déjà connus.
Quand il s’agit de lire uniquement pour recueillir
l’esprit, tout écrit qui inspire un intense amour de Dieu sera utile. Les
ouvrages de nos saints appartiennent à cette catégorie. Le choix des livres est
donc conditionné par le but immédiat de
la lecture ; mais la culture et l’âge spirituel de la personne devront aussi
être considérés dans ce choix. Des livres trop élevés, soit intellectuellement,
soit spirituellement, seront peu compris et causeront nécessairement de
l’aridité.
- Pouvons-nous faire également notre
lecture dans la « vie des saints » ?
Ces vies ne sont pas davantage exclues, surtout parce
que beaucoup d’âmes se sentent plus touchées
par l’exemple des saints, qui ont vécu la doctrine spirituelle, que par
son exposé spéculatif. Il faut cependant ne pas les lire pour satisfaire la
curiosité et ne pas prolonger inutilement notre lecture. Aussi ne convient-il
pas de lire comme préparation à la méditation une vie « nouvelle », parce
qu’elle excite trop l’imagination. Il vaudra mieux se contenter de quelque
« profil synthétique » d’une figure étudiée
antérieurement.
- Comment devons-nous
lire ?
Il faut lire, avant tout, avec attention, puisque le but
de la lecture est de « trouver » un sujet de conversation avec le Seigneur. D’où
la nécessité de parcourir le texte posément, sous peine de laisser échapper bien
des lumières. On lira, en outre, avec « dévotion et recueillement » parce que
cette bonne disposition du cœur, favorisant en nous la « recherche » de quelque
chose d’utile pour l’âme, nous rend plus attentifs et plus « sensibles » aux
bonnes idées. Nous pourrons alors prévoir plus facilement les thèmes féconds et
aussi préparer en quelque manière les affections que nous désirons exprimer et
les résolutions que nous voulons prendre.
Tout cela sans trop « nous lier », parce que le but de
la lecture est simplement de nous aider, selon nos
besoins.
Ajoutons encore une remarque : si elle est faite en
commun, la lecture doit être courte, pour ne pas ennuyer les confrères qui ne
s’en servent pas, or ceux-ci sont nombreux.
- Pouvons-nous reprendre la lecture
pendant l’oraison ?
Cela n’est pas exclu et pourra même être indiqué en
quelque occasion particulière. Sainte Thérèse n’allait jamais à l’oraison sans
porter un livre avec elle. Il nous arrivera parfois de nous trouver si distraits
que la manière la plus pratique de revenir au Seigneur sera de donner à l’esprit
une bonne pensée par la lecture. De même, quand dans la méditation et
l’entretient avec Dieu l’attention est rendue difficile par un peu de fatigue,
il est souvent opportun de tenir notre thème de méditation sous les yeux. C’est
une aide extérieure pour notre attention. Qu’on se garde cependant de
transformer l’oraison en une simple lecture. L’oraison doit rester au moins une
lecture méditée, dans laquelle nous nous arrêtons pour laisser place aux
affections et aux résolutions. Alors la lecture elle-même devient un instrument
de notre conversation avec Dieu.
CHAPITRE
IV
LA MÉDITATION ET LE
COLLOQUE
- La méditation est-elle toujours traitée
de la même manière chez les auteurs carmes ?
On note dans les auteurs carmes quelque différence dans
la manière de présenter la méditation, mais tous sont d’accord pour l’essentiel.
Certains en parlent sans en démarquer les divers éléments ; d’autres distinguent
de la réflexion méditative le colloque affectueux auquel conduit la réflexion et
ils appellent ce colloque « contemplation ». D’autres enfin séparent dans la
partie méditative elle-même la représentation et la
réflexion.
Qui ne classifie pas explicitement ces divers éléments y
fait toutefois quelque allusion.
Nous pouvons donc affirmer que la plupart de nos auteurs
carmes distinguent trois éléments dans la méditation : 1) la représentation,
œuvre de l’imagination ; 2) la réflexion, œuvre de l’intelligence ; 3) le
colloque, œuvre surtout de la volonté.
- En quoi consiste la
représentation ?
C’est une activité de l’imagination avec laquelle nous
formons « au-dedans de nous », c’est-à-dire sans avoir les objets présents, une
espèce de tableau ou de représentation du mystère que nous voulons méditer ou,
selon les cas, des objets sensibles par lesquels notre réflexion s’élève à
Dieu.
- A quoi doit servir la
représentation ?
Son but est de rendre plus facile le travail de la
réflexion qui s’appuie naturellement sur les représentations de l’imagination.
Il est en effet facile de penser à la flagellation devant une image. Celle-ci
offre l’avantage de fixer en quelque manière la « fantaisie » qui, sans un objet
sur quoi se poser, divague facilement, alors qu’une certaine stabilité de la
connaissance imaginative aide celle de la connaissance
intellectuelle.
- La représentation est-elle toujours
nécessaire ?
Les auteurs carmes n’insistent pas beaucoup sur la
nécessité de cet élément de la méditation, mais ils nous indiquent plutôt de
quelle manière il peut nous être utile. Cette utilité est évidente quand il
s’agit de considérer la vie du Christ ou des saints. Même dans la considération
des mystères les plus abstraits, par exemple les attributs divins,
l’intelligence peut partir des choses sensibles représentées par l’imagination.
Il nous est ainsi loisible de nous élever des beautés de la nature jusqu’à Dieu,
beauté suprême.
Les théologiens carmes distinguent par rapport à cette
partie les divers cas dans lesquels peut se trouver celui qui médite. Certaines
personnes ont une imagination vive, capable de représenter les choses avec
aisance ; d’autres au contraire se sentent quasi incapables de construire une
figure quelconque. Les premières feront bien d’user de leur facilité de
représentation, les dernières auront profit de savoir que ce n’est pas un
exercice à faire à tout prix. Pour être utiles, les représentations imaginatives
ne doivent pas être très parfaites ; une représentation plutôt vague peut
suffire.
- De quelle manière la représentation
doit-elle être formée ?
1° Il faut certainement y appliquer notre attention,
sinon on ne fait rien de sérieux ; mais il ne convient pas cependant d’exciter
trop l’imagination comme pour voir « au vif » le sujet que nous voulons méditer.
Surtout les personnes qui ont l’imagination trop vive tâcheront de procéder avec
une grande simplicité parce que, autrement, l’imagination pourrait les entraîner
dans l’illusion et leur faire croire qu’elles ont des
« visions ».
2° Quant à ce qui regarde la « perfection » de la
représentation, il n’est pas à conseiller de préciser les détails. Les auteurs
carmes ont également noté qu’une représentation plutôt schématique peut suffire
à une personne douée de peu d’imagination. Une représentation un peu précise est
plus utile parce qu’elle fixe plus aisément la pensée. Les auteurs carmes ne
parlent jamais de ce qu’on appelle « l’application des
sens ».
3° Il n’est pas nécessaire de consacrer beaucoup de
temps à former la représentation ; quelques instants suffisent, mais il va de
soi que nous pourrons la tenir présente pendant tout le temps de la méditation.
Si nous y parvenons, nous y trouverons encore l’avantage d’éviter plus
facilement les distractions.
Concluons en disant que, sans être à vrai dire
nécessaire, la représentation est souvent utile et l’âme qui y réussit ne doit
pas se priver de cette aide. Celui qui au contraire y trouverait plutôt un
embarras pourrait l’omettre et commencer sans plus la
réflexion.
- La réflexion ou « considération »
est-elle importante ?
La réflexion est le premier des éléments directement
constitutifs de la méditation, laquelle consiste en un certain travail discursif
de l’intelligence. Il reste toutefois acquis que même cet élément doit être
subordonné au suivant, c’est-à-dire à la conversation affectueuse avec Dieu, qui
doit trouver dans la méditation son fondement et son
stimulant.
- Ce travail de l’intelligence doit-il
durer longtemps ?
Sa subordination à la conversation affectueuse indique
qu’il doit seulement durer autant qu’il suffit pour conduire l’âme à cette
conversation, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il produise dans l’âme la conviction
profonde qu’elle est aimée de Dieu et invitée à l’aimer en retour. Nous
tomberions cependant dans l’erreur si nous croyions pouvoir interrompre ou
mettre de côté la réflexion dès que nous sentons quelque pieuse affection,
laquelle pourrait s’évanouir soudain en nous laissant dans le vide ; il faut au
contraire insister jusqu’à ce que la volonté se soit sûrement mise en branle au
point de pouvoir rester au moins quelque temps dans son attitude
affectueuse.
- Cette réflexion doit-elle être faite
« méthodiquement » ?
Elle le pourra. Aussi sainte Thérèse, suivant en cela
d’autres auteurs contemporains, conseille-t-elle dans la méditation de la
Passion de Jésus de considérer : « Qui souffre ? Que souffre-t-il ? Pourquoi ?
Avec quelles dispositions ? » Il n’est cependant pas nécessaire qu’il y ait un
ordre si rigoureux dans notre manière d’enchaîner les arguments, et l’on peut
sans dommage passer librement d’une pensée à une autre, pourvu que cela conduise
au but qu’on s’est proposé de mieux comprendre l’amour de Dieu pour nous qui se
manifeste dans le mystère médité.
- Comment feront les âmes qui « ne
peuvent pas méditer » ?
Aux âmes qui, à cause d’une certaine mobilité de
l’imagination et de la pensée, éprouvent une très grande difficulté de s’arrêter
à une idée déterminée pour l’approfondir par des réflexions quelque peu
ordonnées, sainte Thérèse enseigne une autre manière d’enchaîner certaines
pensées qui excitent l’amour. Cette méthode consiste à réciter très lentement
une prière vocale pleine de substance en s’arrêtant à considérer avec attention
le sens des paroles et à en prendre occasion pour former quelques réflexions et
pour exprimer des affections.
- Quand débute le colloque
affectueux ?
Il peut commencer dès que l’âme a fait naître en
elle-même la vive conviction qu’elle doit répondre par l’amour à l’amour de Dieu
pour elle. Tout dépend donc de la facilité avec laquelle une âme se met dans
cette nécessaire disposition. Cette facilité peut
s’acquérir par la pratique.
- Que dit-on dans ce
colloque ?
L’âme exprime surtout à Dieu sa volonté de l’aimer et de
lui montrer son amour : prenant son motif d’un mystère particulier, elle s’y
reportera de mille manières et le colloque revêtira ainsi les formes les plus
variées. Notez que l’âme peut exprimer son amour non seulement à la Très Sainte
Trinité, mais aussi à Jésus ; il lui est aussi loisible de parler
affectueusement aux saints.
- De quelle manière se fait ce
colloque ?
De la manière la plus variée. Nous pouvons exprimer
notre affection avec des paroles prononcées vocalement ; mais nous pouvons
encore le faire d’une manière purement « intérieure », c’est-à-dire avec des
expressions du cœur ou de la volonté. Ces expressions peuvent être brèves et se
succéder avec une certaine fréquence ou bien se prolonger quelque peu, en ne se
répétant qu’à intervalles assez longs ; l’âme peut même encore se contenter de
tenir affectueusement compagnie à Dieu.
- La conversation doit-elle être
continue ?
Nous pouvons répondre que oui, en ce sens que l’âme doit
rester en conversation avec le Seigneur, mais non en ce sens qu’elle doit
« parler » continuellement. Aussi les auteurs carmes enseignent-ils expressément
que, du côté de l’âme, cette conversation ne doit pas être trop longue ou
agitée, mais plutôt paisible et mainte fois interrompue, comme pour permettre à
l’âme d’écouter la réponse de Dieu.
- Dieu parle-t-il dans ce
colloque ?
Si nous étions seuls à parler, notre « colloque » n’en
serait pas un ; d’autre part, sainte Thérèse a enseigné que Dieu parle à l’âme
lorsqu’elle le prie de tout son cœur. On ne doit pas croire pour autant que Dieu
fait retentir sa voix d’une manière matérielle. Il répond à l’âme en lui
envoyant des grâces de lumière et d’amour au moyen desquelles l’âme comprend
mieux les voies de Dieu et se sent plus grandement enflammée à y entrer avec
générosité. Ecouter consiste donc pour l’âme à accepter ces grâces et à s’y
arrêter en cherchant d’en profiter.
- Pourquoi ce colloque est-il appelé
« contemplation » ?
Parce que au moment où elle parle avec Dieu et l’écoute,
l’âme ne continue pas à raisonner comme elle le faisait dans la méditation, mais
elle se contente de faire attention d’une manière générale au mystère qu’elle
est arrivé à mieux comprendre au moyen de la méditation ou même elle regarde
simplement Jésus ou le Père céleste avec qui elle parle. Dans ce simple regard
se vérifie la notion traditionnelle de la « contemplation » (simple regard qui
pénètre dans la vérité). Et comme dans le colloque Dieu a coutume de communiquer
à l’âme sa lumière, également sous cet aspect se vérifie en quelque manière dans
cet entretien ce qui est dans un sens plus plénier le propre de la véritable
contemplation, à savoir une infusion de lumière céleste.
- Combien de temps ce colloque peut-il se
prolonger ?
Il n’y a pas de limites : il peut même occuper
entièrement le temps de l’oraison. Bien plus, la simplification de l’oraison
consiste proprement à rendre plus rares les réflexions pour donner plus de place
aux affections et à donner peu à peu à celles-ci une forme plus calme par des
actes prolongés. Il n’est cependant pas facile pour l’âme dans les débuts de
s’arrêter tant de temps à exprimer uniquement son amour. Voilà pourquoi on peut
alors recourir aux derniers actes de l’oraison, c’est-à-dire à l’action de
grâces, à l’offrande et à la demande.
- Pourquoi remercier
Dieu ?
Beaucoup de motifs poussent l’âme à exprimer sa
gratitude au Seigneur. Nous avons tant reçu de Lui, même à titre personnel, soit
dans l’ordre de la nature, soit dans l’ordre de la grâce. Etre né de parents
catholiques et avoir été baptisé sans retard, avoir été élevé dans la vraie
religion et surtout avoir été favorisé de la vocation, autant de bienfaits
gratuits du Seigneur pour lesquels nous ne pourrons jamais assez lui dire merci.
Et puis, de quelles grâces Dieu nous entoure sans cesse ! Même l’exercice de
l’oraison est un appel de Lui à pénétrer davantage dans l’esprit de notre état.
Nous devons nous montrer reconnaissants de toutes ces largesses. Ajoutez à cela
la bonté du Seigneur envers les personnes pour lesquelles nous manifestons de
l’intérêt : nos amis, nos bienfaiteurs, les personnes confiées à nos soins. Nous
pouvons enfin remercier non seulement le Seigneur, mais encore la Très Sainte
Vierge Marie et les saints pour leur intercession en notre
faveur.
- Que pouvons-nous « offrir à
Dieu » ?
Ayant tout reçu de Dieu, il est louable de notre part de
nous offrir entièrement à Lui en protestant que nous voulons employer toutes nos
forces à son service. Comme notre sainte profession est une consécration de
toute notre vie à Dieu, nous pourrons aussi la renouveler avec à-propos. Il ne
faut toutefois pas nous contenter de ces offrandes générales qui, à cause de
leur indétermination, n’exercent pas toujours une grande influence sur notre
manière d’agir. Il est bon par conséquent de descendre à quelque résolution
particulière et d’offrir au Seigneur notre volonté de pratiquer telle ou telle
vertu, de lutter généreusement contre une tentation, d’accepter de bon cœur une
épreuve ou une souffrance. Par ces fermes propos bien nets nous mettons
l’oraison en contact plus étroit avec notre vie quotidienne. Voilà pourquoi il
est à conseiller à tous de finir l’oraison par une résolution pratique, même si
l’âme ne fait pas « l’offrande ».
- Pour qui faut-il
prier ?
Notre grande indigence nous presse de recourir
continuellement à la prière. Après avoir enseigné que « sans Lui nous ne pouvons
rien faire », Jésus a ajouté : « Demandez et vous recevrez, frappez et l’on vous
ouvrira ». Notre progrès spirituel dépend donc extrêmement de la prière que nous
ferons par conséquent avec confiance et insistance. Nous devons en outre prier
pour les autres, pour leurs nécessités temporelles ou spirituelles, surtout pour
leur salut et leur sanctification. Nous nous
intéresserons non seulement aux âmes en particulier, mais aussi à la société
chrétienne, aux Ordres religieux, à notre famille spirituelle, à la sainte
Eglise catholique. Sachant pourtant que les âmes chères au Seigneur sont plus
puissantes sur son cœur, désireux d’obtenir beaucoup de Lui, nous chercherons à
nous rendre agréables à Sa Majesté par une vie détachée du monde et orientée
uniquement vers la recherche de son intimité. De cette manière l’âme réalisera
l’idéal proposé par sainte Thérèse à ses filles, devenir une amie intime du
Seigneur qui se sert de cette amitié pour faire descendre sur le monde les
grâces divines.
CHAPITRE V
LES DIFFICULTÉS DE
L’ORAISON
- Quelles sont les principales difficiles
qui se rencontrent dans l’oraison ?
Comme l’oraison consiste à élever son esprit vers Dieu,
en d’autres termes à s’occuper de Lui par la pensée et l’affection, les
difficultés dans l’oraison surgissent de tout ce qui empêche ou rend plus ardue
cette double application de notre esprit. Par rapport à la connaissance, ce sont
les « distractions », par rapport à l’affection, ce sont les
« aridités ».
- Qu’entend-on par
« distraction » ?
Nous entendons par distraction l’intrusion dans la
prière de pensées incompatibles avec l’exercice que nous sommes en train de
faire. Celles-ci nous poussent à nous occuper d’autre chose. Cet assaut de
pensées étrangères et même contraires au recueillement de l’intelligence en Dieu
peut avoir lieu de deux manières : volontairement et involontairement. Il y a
une grande différence entre l’une et l’autre de ces
manières.
- En quoi consiste la distraction
volontaire ?
La distraction volontaire consiste dans l’introduction
voulue ou dans l’admission consentie de pensées qui font dévier notre
intelligence de l’objet divin dont elle est occupée. En se distrayant
volontairement, l’âme suspend ou tout au moins interrompt l’oraison. Si elle le
fait sans un motif suffisant, elle se rend en outre coupable d’irrévérence
envers le Seigneur. Plutôt qu’une difficulté, la distraction volontaire dans
l’oraison constitue donc une infidélité. Si au contraire la pensée inopportune
qui se présente à l’esprit n’est pas acceptée, la distraction est dite
involontaire.
- Quelles sont les causes des
distractions involontaires ?
Nous devons reconnaître une double cause : la première
« occasionnelle », la seconde « naturelle ». La première est constituée par les
impressions de nos sens ; la seconde par les tendances intimes de notre nature,
qui engendrent spontanément en nous des images et des
pensées. Nous pouvons donc distinguer d’après leur origine des distractions
« extérieures » et des distractions « intérieures ».
- Peut-on éviter les distractions dans
l’oraison ?
Les distractions extérieures peuvent être évitées en
grande partie par la garde attentive de nos sens et surtout en choisissant pour
prier un endroit retiré, comme le conseille Notre Seigneur Jésus-Christ dans le
saint Evangile. Nous écarterons beaucoup de distractions causées par les yeux en
les tenant fermés ou en les fixant sur un objet religieux ou sur le livre de
méditation. Il est beaucoup plus difficile au contraire d’éviter les
distractions intérieures.
- D’où vient cette difficulté
spéciale ?
La difficulté particulière d’éviter les distractions
intérieures dérive de la spontanéité des tendances naturelles qui sont le fond
intime de notre être. Elles se manifestent par la facile apparition d’images et
de pensées qui ont rapport aux choses que nous aimons ou que nous craignons.
Quand notre attention est fixée sur l’objet de notre considération, ce monde
intérieur lié à ces tendances spontanées demeure plus ou moins dans l’obscurité,
mais, dès que la force de l’attention diminue, il tend à se faire sentir. Alors
apparaissent dans notre conscience des pensées et des souvenirs qui peuvent même
contraster beaucoup avec l’acte de l’oraison que nous sommes en train
d’accomplir.
- Peut-on obvier aux distractions
intérieures ?
Oui, il y a un moyen, au moins dans une certaine mesure,
d’y porter remède, tant directement qu’indirectement. La manière de résister
directement à ces distractions consiste à reporter notre attention sur l’objet
religieux que nous sommes en train de considérer ou simplement sur Dieu en
faisant un acte de foi et d’amour. La tactique indirecte consiste à intensifier
notre vie spirituelle. En devenant plus profonde, celle-ci acquiert une nouvelle
énergie qui renforcera la tendance de notre esprit vers Dieu en contrariant les
tendances naturelles qui nous en distraient. On conçoit qu’un pareil résultat ne
s’obtiendra pas très vite, mais qu’il sera le fruit d’une longue application à
la vie intérieure.
- Les distractions intérieures sont-elles
parfois « inévitables » ?
Oui, justement à cause de leur spontanéité. Surtout
quand une âme éprouve de la difficulté à fixer son attention, les distractions
intérieures peuvent être fort envahissantes, insistantes, ennuyeuses. Cette
peine à fixer l’attention dérive parfois d’une cause accidentelle. Elle peut
aussi provenir d’une disposition habituelle, comme dans le cas de certains tempéraments très mobiles. Si l’âme continue
néanmoins à éprouver du déplaisir à se voir distraite et fait son possible pour
demeurer attentive à Dieu, ces distractions douloureuses, loin de lui nuire, se
transforment pour elle en instrument de purification morale et sont une occasion
de mérite surnaturel.
- Qu’entend-on par
aridité ?
L’aridité est la suppression du réconfort que l’âme sent
souvent dans la vie spirituelle, surtout dans les premiers temps qui suivent sa
conversion à une vie meilleure. L’âme qui prend conscience qu’elle possède une
vie spirituelle plus intense en éprouve en effet une certaine joie, car c’est
une loi psychologique que l’homme se réjouit quand il se sait posséder un grand
bien. La vie spirituelle intense ne consiste cependant pas dans ce réconfort et
ne l’exige même pas. Aussi bien, peut-elle exister et se développer en dehors de
toute consolation parce que la dévotion véritable consiste uniquement dans la
promptitude de la volonté au service de Dieu.
- L’aridité est-elle un
mal ?
La qualité morale de l’aridité dépend de la cause qui la
produit. Si le réconfort disparaît dans l’âme, mais si la résolution de se
donner tout au Seigneur subsiste dans la volonté, loin d’être un mal, l’aridité
pourra être l’occasion de bien. Si au contraire l’aridité dérive de
l’affaiblissement de la volonté, elle marque un recul dans la vie
spirituelle.
- Y a-t-il donc des aridités
coupables ?
Bien sûr ; il y en a qui ont leur source dans notre
infidélité. Celle-ci peut être plus ou moins grande. L’âme appelée de Dieu à une
vie généreuse et mortifiée, qui après avoir correspondu quelque temps à la
grâce, se donne à la recherche des petites satisfactions humaines, n’est plus
fidèle à l’invitation du Seigneur, mais perd sa ferveur primitive et demeure
avec une volonté affaiblie. Mais plus infidèle encore est l’âme qui tombe dans
la tiédeur en commettant délibérément des péchés véniels. Il est naturel qu’une
telle âme ne peut exprimer avec force son amour au Seigneur, précisément parce
qu’elle n’est pas demeurée vigoureuse. Elle tombe donc dans l’aridité. L’unique
moyen d’y remédier est de se corriger en revenant à la générosité
première.
- Existe-t-il des aridités dont les
causes ne dépendent pas de la volonté ?
Sans doute y en a-t-il ; les circonstances mêmes dans
lesquelles la vie humaine évolue sont souvent des occasions d’aridité. Elles
peuvent provoquer en nous un sentiment de malaise qui nous prive de tout
réconfort dans les exercices spirituels : fatigue physique et somnolence,
indispositions physiques, préoccupations pénibles et absorbantes, petits heurts
et incompréhensions, tout cela signifie pour nous autant de causes de pesanteur,
d’énervement, d’accablement qui mettent l’esprit dans un douloureux état où
disparaît toute joie paisible et tranquille. Dans cette forme d’aridité l’âme
doit s’armer de patience, sachant qu’en la supportant pour l’amour de Dieu elle
Lui offre un sacrifice très agréable qui prouve la réalité de son amour.
- L’aridité peut-elle aussi provenir de
Dieu ?
Assurément et même dans le cas susdit nous devons
affirmer qu’elle est causée par Dieu puisque toutes les circonstances de la vie
sont réglées par la Providence. Mais parfois la suppression du réconfort que
l’âme sent dans l’oraison est plus directement l’œuvre de Dieu, et précisément
lorsqu’il met l’âme dans l’impossibilité de méditer avec l’aide de l’imagination
et de s’exercer comme auparavant dans les actes sentis d’amour. C’est là un
phénomène très commun aux âmes intérieures après quelque temps de fervente
application à la vie d’oraison. Saint Jean de la Croix enseigne que par cette
sorte d’aridité le Seigneur invite les âmes à une forme plus simple d’oraison
qu’il appelle une « contemplation initiale ».
- Comment l’âme doit-elle se comporter
dans cette aridité ?
L’âme ne doit pas persister à vouloir continuer la
méditation comme elle se croit souvent obligée de faire ; elle doit au contraire
l’omettre tout simplement et s’appliquer à rester tranquille en présence de
Dieu, faisant attention à Lui par un simple regard de foi et désirant lui faire
plaisir coûte que coûte. Peu à peu ce regard de foi deviendra plus facile et
plus amoureux et l’âme passera graduellement d’un état pénible d’aridité à un
paisible repos en Dieu.
- Comment l’âme peut-elle savoir que son
aridité provient de Dieu ?
Un signe que l’aridité provient de Dieu est que l’âme y
persévère dans l’exercice des vertus et de la prière, bien qu’elle n’y sente que
du dégoût. Comme l’application à la vertu est beaucoup plus difficile en ces
circonstances, l’âme y trouvera moins de succès, mais ses efforts répétés
démontrent que sa volonté est demeurée résolue. Pareille aridité ne procède donc
pas d’une faiblesse coupable du vouloir, mais elle est l’œuvre du
Seigneur.
-
Quel but
Dieu poursuit-Il en envoyant l’aridité à l’âme ?
Par cette épreuve Dieu a en vue de délivrer l’âme des
enfantillages de la sensibilité pour la transporter sur le terrain plus solide
et plus pur de la volonté. Ne trouvant plus aucune pâture pour sa vie
spirituelle dans les belles représentations et les douces émotions de naguère
(quand tout allait bien), l’âme se voit contrainte de s’agripper avec la volonté
aux exercices de foi et d’amour. Comme tel est le bon plaisir divin, l’œuvre de
la grâce se conjugue avec l’effort de l’âme. Indubitablement celle-ci fera de
grands progrès dans sa vie spirituelle. L’aridité envoyée par le Seigneur, outre
son cachet d’épreuve, est donc une grâce très précieuse à laquelle l’âme, loin
de se décourager, cherchera à correspondre généreusement.
CHAPITRE
VI
LA PRÉSENCE DE
DIEU
- Qu’est-ce que la présence de
Dieu ?
La présence de Dieu est un exercice de la vie
spirituelle destiné à nous maintenir en
contact avec Dieu dans nos diverses occupations quotidiennes. C’est en quelque
sorte une oraison mentale qui se prolonge durant la journée toute entière. Comme
l’oraison mentale, elle se compose de deux éléments : pensée et affection. Il
s’agit en effet de penser à Dieu et de tenir son cœur orienté vers
Lui.
- Quel est l’élément principal de la
présence de Dieu ?
L’élément principal n’est pas la pensée, comme beaucoup
le croient, mais l’affection, comme l’oraison mentale ; la pensée sert à
orienter le cœur ou la volonté vers Dieu, et ensuite, par la volonté, l’âme
s’unit plus intimement au Seigneur et dirige vers lui toute son activité. Il est
du reste plus facile de demeurer longtemps en contact avec Dieu au moyen de la
volonté que par l’intelligence.
- D’où provient cette
différence ?
La différence entre la facilité d’application de
l’intelligence et celle de la volonté dérive du fait qu’il n’est pratiquement
pas possible de penser à Dieu d’une manière ininterrompue, étant donné que,
mainte fois, nos occupations réclament toute notre attention et que nous n’avons
pas la faculté de penser en même temps à deux choses différentes. An contraire,
alors même que l’intelligence est entièrement occupée au travail que nous sommes
en train de faire, le cœur peut rester orienté vers Dieu parce que, même si le
travail était distrayant de sa nature, nous pourrions toujours le faire pour le
Seigneur, c’est-à-dire pour accomplir sa volonté et pour le
glorifier.
- Comment tiendrons-nous plus facilement
notre cœur orienté vers Dieu ?
Nous pouvons le faire en nourrissant l’affection
par de petits exercices affectifs comme sont les oraisons jaculatoires, les
pieuses invocations, l’offrande de nos actions, les appels à l’aide céleste ou
par de très courtes conversations avec Dieu dans lesquelles nous lui manifestons
notre amour et notre confiance. Cela ne nous sera cependant pas possible si la
pensée de Dieu ne se présente pas souvent à notre esprit.
- Y a-t-il quelque procédé pour rappeler
fréquemment la pensée de Dieu à notre intelligence ?
Il y a pour cela diverses méthodes. On distingue
d’ordinaire les « formes » de l’exercice de la présence de Dieu d’après les
moyens employés pour rappeler cette pensée à l’esprit. Ainsi parlons-nous de la
présence de Dieu « externe », « imaginative » et
« intellectuelle ».
- En quoi consiste la pratique de la
pensée de Dieu « externe » ?
Elle consiste à nous servir d’un objet extérieur à nous
pour penser souvent au Seigneur. Un crucifix que nous portons toujours avec
nous, en le mettant devant nous pendant le travail, en le baisant, en le
vénérant, maintiendra vif en nous le souvenir de Notre-Seigneur Jésus-Christ et
nous fournira l’occasion de lui parler affectueusement. De même encore le
souvenir de la présence eucharistique dans la chapelle de la maison que nous
habitons et à laquelle nous revenons sans cesse par la pensée peut nous aider
beaucoup à nous tenir en contact avec Dieu et à nous inciter à converser avec
lui. Il en va de même pour les images pieuses, etc.
- En quoi consiste la pratique de la
présence de Dieu « imaginative ?
Cette pratique consiste à nous représenter par
l’imagination que le Seigneur, Notre Dame ou quelque saint est très près de nous
et nous accompagne partout ; nous cherchons à nous adresser à eux par de brèves
paroles toutes spontanées ou par l’un des divers exercices affectifs auxquels
nous avons fait allusion ci-dessus. Toutes les personnes ne pratiquent pas
cependant avec succès ce genre d’exercice de la présence de Dieu qui requiert
une imagination vive et une maîtrise complète sur cette faculté.
- Une pareille représentation ne
manque-t-elle pas de vérité ?
En aucune manière, parce que si la sainte Humanité du
Christ ou Notre-Dame ou les saints ne nous sont pas présents physiquement, ils
sont toutefois moralement présents, du fait que les saints et Notre-Dame nous
voient dans l’essence divine qu’ils contemplent et sont ainsi en relation avec
nous et parce que l’Humanité du Christ exerce sur nous une influence même
physique dans la communication de la grâce. Cette relation « spirituelle », nous
pouvons fort bien nous la « représenter » en nous figurant être dans la
compagnie du Seigneur et des saints.
- Pouvons-nous donc faire l’exercice de
la présence de Dieu en nous tournant aussi vers les
saints ?
Evidemment ; parce qu’également le souvenir de
Notre-Dame et des saints aide à orienter notre cœur et nos actions vers le
Seigneur. Or, dans cette orientation de la volonté se trouve l’élément le plus
essentiel de la présence de Dieu.
- Qu’est-ce que la pratique de la
présence de Dieu « intellectuelle » ?
La pratique de la présence de Dieu « intellectuelle »
est celle par laquelle nous rappelons à l’esprit le souvenir de Dieu au moyen
d’une pensée de foi. L’âme se souvient par exemple de la présence continuelle de
la Très Sainte Trinité en elle et cherche à plaire aux hôtes divins ; ou bien
elle considère que ses devoirs sont pour elle la manifestation de la volonté
divine et elle s’unit constamment à ce bon plaisir divin ; avec la lumière
surnaturelle elle « voit » que toutes les circonstances de sa vie sont disposées
par la Providence et elle répète à son Père céleste : « Je suis contente de
tout » ; ou encore, sachant que Dieu la regarde toujours, elle cherche à faire
chaque chose de la manière qui peut la rendre plus agréable aux yeux du
Très-Haut, etc.
- Quelle est la meilleure manière de
faire l’exercice de la présence de Dieu ?
La meilleure manière de faire cet exercice est celle qui
convient le mieux à notre mentalité et cela ne se détermine pas a priori
ou par le raisonnement, mais par l’expérience. Qu’on remarque toutefois que nous
ne devons pas nous attacher à une manière exclusive ou à une forme déterminée, mais nous pouvons très bien les varier selon les circonstances.
D’ordinaire pourtant, nous donnerons notre préférence à une forme particulière
de cet exercice et nous choisirons celle qui s’est montrée la plus utile pour
nous. Il est donc loisible d’user ici encore d’une sainte liberté.
- L’exercice de la présence de Dieu
peut-il s’unir aux actions naturelles les plus ordinaires et même à celles qui
nous procurent une détente ?
Indubitablement nous trouverons dans cet exercice la
manière la plus pratique de sanctifier ces actions. Même en mangeant nous
pouvons élever notre cœur vers Dieu et au lieu de chercher une satisfaction nous
appliquer à prendre la nourriture avec une sainte indifférence en vue de
restaurer nos forces pour servir Dieu avec plus d’énergie. Saint Paul nous a
enseigné : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, faites tout à la
gloire de Dieu ». Il faut dire la même chose de nos récréations. Nous devons les
offrir au Seigneur, ayant en vue d’acquérir de nouvelles énergies à employer
pour son honneur. Il faut même que nous ordonnions notre repos à cette fin. Nous
nous y préparerons en en faisant l’offrande explicite
au Seigneur. Ainsi l’exercice de la présence de Dieu nous permettra de vivre la
journée toute entière notre vie d’amour.
Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine O.C.D (Ordre du
Carmel)