Que Dieu vous bénisse donc, pour une pénitence, telle qu'elle doit être : tout ce à quoi vous avez pensé, doit être fait par chaque pénitent, et jeûner , et aller à l'Eglise, et s'isoler, et lire, et méditer, et s'occuper de soi - tout est nécessaire. Mais il faut diriger toutes ses actions vers un seul but : une communion digne aux Saints Mystères du Christ. Pour se confesser correctement, il faut purifier son âme par le repentir. Pour se repentir correctement, il faut avoir la véritable contrition et la ferme résolution de ne plus offenser le Seigneur. Pour cela, sont indiqués tous les autres exploits de pénitence, et d'aller à l'église, et la prière à la maison, et le jeûne, et tout le reste.
La première action de pénitence est d'entrer en soi. Nous sommes empêchés d'entrer en nous et de nous occuper de nous, par les occupations quotidiennes, les soucis et les pensées qui errent sans retenue en ce monde. C'est pourquoi le pénitent pour la durée de la pénitence, autant que cela est possible à chacun, doit arrêter ses activités et, au lieu de vaquer à ses affaires, rester chez lui. Cette interruption des activités est de la plus grande importance dans la pénitence. Celui qui ne s'y pliera pas œuvrera cahin-caha. Voilà , et vous aussi, vous devez agir ainsi. Pour si minimes que soient vos occupations, elles vous distraient. Approchez donc de la pénitence, ayant tout remis à plus tard.
Supposons donc : vous avez tout laissé et vous vous êtes assise dans votre chambrette. Et qu'y faire ? On peut dans l'isolement aussi se retrouver dans le vide. Il faut s'atteler à une occupation compatible avec la pénitence. Mais quelle occupation ? - La prière, la lecture, la méditation.
Cette prière est en dehors de celle de l'église. Celle-là s'entend déjà d'elle même. Vous savez, bien sûr, comment il faut prier à l'église. Mais, malgré tout, prêtez attention à ceci ! Il faut aller à l'église avec bonheur, comme à la maison de Dieu, qui nous est chère, sans grimaces ni ennui. Aller à l'église non pour s'y tenir uniquement le temps d'un service, mais pour y prier de toute son âme, d'un cœur chaud, déversant devant le Seigneur des sentiments de contrition, d'humilité et de crainte pieuse, et élevant vers Lui de ferventes supplications pour nos besoins spirituels profonds. Comment y parvenir : il faut y réfléchir d'avance et, arrivé à l'église, s'y astreindre. Considérer comme non vaine seulement la station à l'église qui aura fait le cœur chaud et appelant. C'est l'essentiel. Il faut aussi écouter le service, et conduire ses pensées et sentiments en conséquence. La diversité, orientée vers une seule direction et ne distrayant pas, il sera agréable de garder l'écoute dans une concentration nourricière et créatrice. Il faut se plonger dans ce qui se chante et se lit, surtout les ecténies, car elles sont en raccourci l'énumération de l'essence de tous nos besoins, pour lesquels il faut adresser sans honte nos demandes à Dieu.
Mais habituellement, les pensées errent. Cela provient du défaut de sentiment de prière. Dans ce cas, faites donc ainsi : dès que vous remarquez que vos pensées ont quitté l'église, ramenez-les aussitôt et ne vous permettez jamais de rêver consciemment ou de vous évader par les pensées, ni maintenant, en ce temps de pénitence, ni en tout autre temps. Lorsque les pensées s'en vont sans que nous le remarquions, le péché n'est pas encore grand; mais lorsque vous commencerez sciemment à vous promener ça et là par la pensée, étant à l'église, cela est déjà péché : le Seigneur se tient avec ceux qui sont dans l'église. Celui qui ne pense pas à Lui dans ce lieu, mais rêve, ressemble à quelqu'un qui arriverait devant le roi avec une supplique et se mettrait à minauder et tournicoter en sa présence, sans faire attention à lui. Ne pas vous évader du tout par les pensées, même par un grand effort, peut ne pas réussir; mais s'interdire de rêver intentionnellement est possible et indispensable. Sur l'errance des pensées, il y a donc deux règles : 1) dès que vous la remarquerez, ramenez-les en arrière. 2) ne leur permettez pas de s'ébranler consciemment.
Le moyen d'empêcher l'errance des pensées : attention de l'esprit, attention au fait que le Seigneur est devant nous et nous, devant Lui. Il faut placer l'esprit entier dans cette pensée et ne pas lui permettre de s'en éloigner. L'attention vers le Seigneur s'affermit par la crainte de Dieu et la piété. Par elles arrive la chaleur du cœur, qui tend l'attention vers l'Unique Seigneur. Efforcez-vous d'émouvoir le cœur, et vous verrez vous-même comment il rivera la pensée. Il faut se forcer. Sans effort et concentration de l'esprit, vous n'atteindrez à rien de spirituel. Le réchauffement du cœur est grandement aidé par les prosternations. Faites-en souvent, à mi-corps et au sol.
Que le Seigneur vous accorde de ressentir la douceur de la présence à l'église, afin que vous vous hâtiez d'y aller, comme on se hâte d'entrer dans une pièce chaude, arrivant du froid.
Dans la pénitence, le facteur principal du but pour lequel on fait pénitence est la présence suffisante et indispensable à l'église. les autres actions en sont les aides et les soutiens. De cela, on parlera une autre fois.
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